La Puff : une cigarette électronique qui séduit toujours les jeunes
Résultats de la seconde enquête du Fares
En 2022, le FARES avait réalisé un premier questionnaire pour sonder les connaissances et l’usage de la puff chez les jeunes. Les résultats ont été publiés sur ce même site Aide aux Fumeurs.
Pour rappel, une puff est un produit du tabac qui est apparu sur le marché européen fin 2021. La puff désigne tous les dispositifs de cigarette électronique à usage unique. Les puffs sont directement prêtes à l’emploi : les modèles actuels ont une batterie chargée en énergie, ainsi qu’un réservoir préchargé de e-liquide avec ou sans nicotine permettant jusqu’à 36 000 bouffées d’utilisation. Avec ses arômes variés et sa facilité d’utilisation,ce dispositif vise clairement les jeunes consommateurs, même si en Belgique il est officiellement interdit aux mineurs de consommer des produits du tabac.
Dans cet article vous sont partagés les principaux résultats du second sondage mené sur cette thématique auprès des jeunes. Entre juin 2023 et octobre 2024, le nouveau tour d’enquête mené par le FARES a permis de recueillir le témoignage anonyme de 293 jeunes, âgés de 11 à 24 ans. Ce nouveau coup de sonde révèle un engouement croissant pour ces cigarettes électroniques jetables, appelées « puffs » et une nette augmentation de la consommation de liquides avec de la nicotine.
Une popularité grandissante
Aujourd’hui, 92 % des jeunes interrogés connaissent la puff, un chiffre en nette augmentation par rapport aux 65 % en 2022. Dans l’échantillon actuel, 39 % des jeunes déclarent consommer la puff, contre 24% lors du premier sondage effectué en 2022, ce qui traduit une nette augmentation de la popularité de l’usage du dispositif.
Influence sociale et motivations de consommation
La puff est largement consommée dans un contexte social : lors de contacts sociaux (chez des amis), ou dans l’espace public . De plus, 90 % des jeunes connaisseurs indiquent que leur entourage en consomme, en particulier leurs amis (74 %). Remarquons que la dépendance à un produit comprend souvent une facette sociale et que le succès de la puff dans les groupes et réseaux de jeunes peut créer une influence sociale qui pousse à l’expérience de consommation. Les principales motivations à la consommation sont les goûts variés (75 %), suivi de la nicotine(10 %) et de la sensation de détente (9 %). Ces arômes attirants augmentent l’attrait du produit,mais leur succès repose aussi sur une facilité d’accès. Les puffs sont largement disponibles dans des magasins physiques, de types “Night Shop” ou librairies et sur les réseaux sociaux(achats sur Snapchat, Tiktok…). Les jeunes identifient clairement les différents points de vente de puffs.
Les arômes préférés des jeunes
A la question “Pourquoi utilises-tu une puff jetable plutôt qu’une cigarette électronique rechargeable ?”, voici les trois principales raisons avancées par les participants :
- le prix plus abordable
- la facilité d’usage immédiat
- pratique pour un vapotage occasionnel.
Les jeunes investissent entre 10 et 15 euros par dispositif, contre 5 à 10 euros en 2022. Cette augmentation de dépense pourrait signifier que les jeunes accordent de plus en plus de place à la consommation dans leur quotidien. C’est aussi probablement le reflet de la sophistication grandissante des dispositifs, s’apparentant davantage à des gadgets (lumières, nombre croissant de bouffées…).
Méconnaissance des risques et des effets secondaires
Parmi les jeunes interrogés, la moitié déclare que leurs parents ou responsables légaux sont au courant de leur consommation qu’ils n’essaient pas de leur cacher. Ceci laisse à penser que les risques liés la puff sont méconnus des adultes qui semblent plus tolérants face à cet usage chez les jeunes.
Près d’un tiers des jeunes pense que la puff est sans danger et n’a pas conscience des risques liés à sa consommation. En revanche, 30 % des utilisateurs de puff du sondage reconnaissent avoir déjà ressenti de seffets secondaires, comme des maux de gorge, une baisse d’endurance physique ou encore des troubles respiratoires. En parallèle des inconforts physiques relevés, la gestion des puffs en tant que déchet électronique pose aussi un problème, puisque 83% jeunes déclarent collectionner leurs puffs ou les jeter dans des poubelles classiques, alors qu’il faudrait les apporter dans un centre de recyclage.
Du flou sur les contenus et les risques de dépendance
Parmi les utilisateurs de puffs de l’échantillon, 81% en consomment avec de la nicotine, souvent à des dosages élevés de 20 mg/ml. Pour comparaison, on considère qu’une cigarette classique apporte 1 mg de nicotine/cigarette. Lors du premier sondage en 2022, seuls 50% des vapoteurs utilisaient une puff avec nicotine. L’augmentation de la consommation de nicotine chez les jeunes via l’usage de la puff est donc flagrant.
Une partie des jeunes consommateurs ignore d’ailleurs ce que contiennent leurs puffs ou n’ont pas une idée claire des dosages en nicotine. Notons qu’en cherchant des informations sur les emballages de puffs, nous avons remarqué que les emballages sont parfois peu lisibles ou incomplets sur leur contenu. Ce manque de transparence sur la présence de nicotine limite la capacité des jeunes consommateurs à faire des choix éclairés concernant leur santé.
La puff est très attractive et est un produit d’initiation aux produits du tabac pour 25% des vapoteurs de l’échantillon. En parallèle 71% ont consommé du tabac classique avant la puff. Comme le partagent les répondants, 75% ont des maintenant consommations mixtes de produits nicotinés. C’est-à-dire qu’au cours d’une journée, ils vont à la fois fumer des cigarettes classiques et vapoter des puffs électroniques. La puff est à la fois un produit d’initiation à la consommation et de maintien de la dépendance à la nicotine chez les jeunes.
Cela dit, 59% des jeunes répondants qui consomment la puff espèrent arrêter de vapoter dans le futur,principalement pour des raisons de santé. A nos yeux, ce souhait de liberté est un point d’accroche intéressant pour lancer des projets de sensibilisation et de prévention par les pairs, avec et pour les jeunes.
Vers une sensibilisation accrue et une meilleure protection des jeunes face aux nouveaux produits du tabac
Les résultats de ce second sondage sur la puff auprès des jeunes mettent en lumière les éléments suivants :
- La consommation de puffs chez les jeunes est un phénomène qui continue de prendre de l’ampleur et qui se banalise
- Avec les arômes variés, la facilité d’usage, le prix plancher et le manque d’informations transparentes sur leurs contenus, les puffs sont un dispositif de prédilection pour attirer les jeunes vers les produits du tabac. De manière implicite et malaisante, les jeunes restent des cibles prioritaires du marketing des nouveaux produits nicotinés.
Pour protéger les jeunes et éviter de créer une nouvelle génération de dépendants à la nicotine, des mesures complémentaires existent. La mise en place d’une réglementation plus stricte et la transparence sur l’étiquetage des puffs permettra un meilleur encadrement de l’usage de ces dispositifs. Par ailleurs, il est urgent de mieux informer les jeunes séduits par la puff pour qu’ils aient conscience que son usage est tout sauf anodin : tout est fait dans ce dispositif pour créer l’addiction et le côté jetable du produit est une aberration. Pour sensibiliser les jeunes et leur donner la possibilité de faire des choix éclairés, il est vivement souhaitable de s’entourer d’autres jeunes pour mener ensemble des actions de prévention créatives et bienveillantes.
Un article du Service Prévention Tabac
