Les consos et le bien-être des jeunes en temps de COVID-19
Un article d’Eloïse Delforge et Marie Housiaux, chargées de projets prévention tabac au FARES asbl
Voici le 2ème article d’une série de 4 : jeunes et tabac (septembre 2021) ; crise sanitaire et consommations des jeunes (octobre 2021) ; communication préventive avec les jeunes (novembre 2021) ; ressources et aides pour accompagner les jeunes fumeurs (décembre 2021).
L’arrivée du coronavirus est une crise inattendue qui a chamboulé nos vies: menace pour la santé physique, stress, priorités de vie modifiées, confinement, isolement social, perte de repères, besoin d’ajustements constants…On peut dire que la crise sanitaire a mis à rude épreuve tant le corps que le cœur. Pour documenter les répercussions de ce temps anormal sur la population, l’Institut Belge de Statistiques de Santé Sciensano a mené plusieurs enquêtes depuis le début de la crise COVID.
La santé mentale des jeunes en chute libre
Les enquêtes de Sciensano révèlent les multiples effets de la crise sanitaire du Covid-19 sur les habitudes de vie des belges. Depuis mars 2020 et le confinement, les belges –tous âges confondus– vont moins bien, ils vivent une détresse importante qui mine leur santé.
Avec la crise sanitaire, les belges vont moins bien
- 50 % de sédentarité physique en plus
- 3 fois plus de troubles du sommeil qu’en temps normal
Cette situation a particulièrement bouleversé le quotidien des adolescents. L’adolescence est une période de développement où le vécu en groupe joue un rôle fondamental. Or, durant le confinement, les jeunes ont grandement souffert de la privation des contacts sociaux avec leurs pairs, surtout dans les années charnières comme le passage en secondaire, à l’université, ou la fin des études.
La détresse des jeunes de 16 à 24 ans en temps de COVID
- 2 fois plus de décrochage scolaire
- 3 fois plus de troubles anxieux et dépressifs
- 60% qui souffrent de la privation des relations sociales
- 50 % qui vivent un mal-être (soit 4 fois plus qu’auparavant)
Une augmentation globale des consommations
Les belges consomment davantage depuis le début de la crise sanitaire : des produits légaux comme le tabac et l’alcool, ou bien des produits illégaux comme le cannabis et la cocaïne, ou encore des comportements sans produit comme le surf sur les réseaux sociaux ou encore les paris sportifs.
Quand on leur demande pourquoi, les citoyens expliquent que c’est un moyen de gérer le mal-être, le stress et l’anxiété supplémentaires générés par le contexte de crise. Si cet objectif est légitime, on peut craindre d’un point de vue de santé publique le risque que certaines personnes glissent d’un usage contrôlé (récréatif/thérapeutique) vers un usage problématique (avec dépendance).
S’il est vrai que le contexte sanitaire influence les consommations, par contre cet impact varie d’une personne à l’autre. En effet, nous ne sommes pas tous égaux face à la consommation, de tabac par exemple.
Chaque fumeur vit le confinement différemment en fonction de ses ressources et de son environnement, de telle sorte que les consommations vont évoluer différemment pour chacun.
D’un côté, 1 fumeur sur 5 a pu arrêter de fumer avec le confinement, car il était un « fumeur social » consommant à l’occasion des sorties de groupe. En revanche, pour 1 fumeur sur 3 de nature « gros fumeur », l’usage du tabac a augmenté au cours de la pandémie.
Il existe des particularités chez les jeunes de 18 à 24 ans, avec des usages qui ont diminué et d’autres qui ont explosé au cours de la pandémie. D’une part, il y a eu chez eux une diminution globale de l’usage de l’alcool, du tabac et des stupéfiants. Avec le confinement, la distanciation sociale et le couvre-feu, on peut supposer une réduction de l’attrait de ces produits. Cependant plus d’1 jeune sur 3 dit avoir augmenté sa consommation de tabac.
Coronavirus et tabagisme, un cocktail à haut risque !
Jeunes ou moins jeunes, face au COVID-19, les fumeurs sont d’après les études scientifiques actuelles plus à risque
- d’attraper la maladie
- de développer une forme sévère avec des complications
- d’en mourir
Il est important d’informer que le tabac ne protège pas du Covid-19, de soutenir les consommateurs et de rappeler que l’arrêt ou la réduction du tabac sont possibles.
Durant la pandémie, les jeunes ont fortement amplifié leur utilisation des écrans, leur consommation de médicaments sédatifs et leur pratique des jeux de hasard. L’usage accru des somnifères et tranquillisants des jeunes coïncide avec l’apparition de la crise sanitaire et l’augmentation des troubles anxio-dépressifs et de sommeil.
Au vu de ces informations, il est donc nécessaire d’être attentif au bien-être des jeunes, et ce particulièrement durant de tels contextes de crise.
Améliorer le bien-être des jeunes, c’est possible !
Au sein des différents milieux de vie des jeunes, on peut favoriser le développement de compétences psychosociales et aider les jeunes à faire face à des situations difficiles. Se sentir mieux dans sa tête, dans son corps et dans la vie sociale peut à son tour diminuer les envies de consommer.
Des repères pour une vie harmonieuse à la maison
Organisation claire des espaces communs et personnels ; maintien d’un horaire journalier et de rituels ; équilibre entre l’autorité parentale et l’autonomisation progressive du jeune.
Des écoles et espaces extrascolaires adaptés au contexte extraordinaire
Donner la priorité au lien social, à la prévention et au bien-être des jeunes ; offrir des points d’appui, des espaces de paroles et autres activités de coopération et de soutien collectif.
L’article du mois prochain abordera la communication autour des consommations avec les jeunes, dans une perspective préventive et bienveillante.