Témoignage d’Henri, 52ans
J’ai 52 ans et j’ai arrêté de fumer il y a 2 ans. J’ai commencé lorsque j’avais 14 ans, il est vrai qu’à l’époque, ça faisait cool de fumer devant les potes. Au début, je n’en fumais que quelques unes par semaine, je n’en ressentais pas spécialement le besoin. Et puis je faisais le malin et me disais que de toute façon je pouvais arrêter quand je le voudrai.
Malheureusement, on oublie que la vie est cruelle et qu’avec le temps, elle nous apporte son lot de mauvaises surprises. A 18 ans, j’ai perdu ma mère dans un accident de voiture et à partir de ce moment là, j’ai commencé à fumer de plus en plus. D’abord un paquet tous les 2 jours, puis 1 paquet par jour pour terminer à 2 paquets (voire 3 parfois) par jour, à l’apogée de ma carrière de fumeur.
Au début, on ne se rend pas vraiment compte de l’engrenage dans lequel on tombe. C’est vrai qu’on remarque que la voix change, on a le teint un peu terne… mais on met ça sur le compte de l’âge, c’est la mauvaise foi du fumeur.
Au fil des années, la cigarette devient une compagne fidèle qui nous réconforte, nous apaise, qui est présente à chaque moment de la journée. Bien sur, il y a la cigarette dont on ne peut vraiment pas se passer, celle du matin par exemple est incontournable, ou encore celle qui suit les repas. Mais il y a aussi la cigarette qui s’impose à nous sans qu’on en prenne conscience : en soirée par exemple, on boit et on fume en même temps, on est dans l’ambiance et on ne se rend même pas compte qu’on vient d’allumer sa clope.
Les années passent et au final, on est satisfait de notre consommation et on se dit que de toute façon, il faudra bien mourir de quelque chose.
Et puis, il y a 5 ans, ma femme nous a quitté suite à un cancer du poumon alors qu’elle n’avait jamais touché une cigarette de sa vie. Et là, je me suis vraiment senti coupable, je ne pouvais pas m’empêcher de penser que c’était de ma faute. J’ai alors commencé à voir un psychologue pour parler de mon mal-être et de mon sentiment de culpabilité. Au fil du temps et des séances, j’ai compris qu’il était temps pour moi de me défaire de la cigarette. Je me le devais et surtout je le devais à ma femme car aujourd’hui encore, même si la culpabilité est moins forte, je reste persuadé que mon tabagisme excessif à provoqué sa maladie.
Mon psychologue m’a alors orienté vers un tabacologue. Je dois avouer que lors de la première rencontre, j’étais très tendu et puis je n’y croyais pas trop. Je me disais que je n’avais besoin de personne pour arrêter. Il faut dire que notre ego prend un fameux coup quand on a le sentiment de devoir être assisté. Mais en sortant de cette consultation, j’ai beaucoup réfléchi à ce que m’avait dit le tabacologue, et au final, j’ai compris que c’était plutôt un acte intelligent que d’accepter de l’aide. Ce n’est en rien dévalorisant.
Après 4 ou 5 consultations, j’ai réussi à arrêter définitivement. Evidemment, je ne dis pas qu’il s’agit de la solution miracle pour tout le monde mais je remercie vraiment ce tabacologue qui m’a soutenu, qui ne m’a jamais jugé et qui a toujours su écouter mes craintes. Aujourd’hui, je ne fume plus depuis un petit temps mais malgré tout il m’arrive de penser à la cigarette. Je ne dis pas qu’un jour je ne craquerai pas en en reprenant une mais une chose est certaine, je ne veux pas redevenir le fumeur que j’étais. Et cela, je me le dois mais je le dois aussi à ma femme qui me regarde surement de la haut et qui veille sur moi.